Bonjour, moi c’est Dan, 41 ans.
Je viens souvent à Genève pour mon travail, mais depuis quelques mois, mes jeudis soirs ne sont plus tout à fait les mêmes.
Tout a commencé au salon XoXo, un soir de pluie, dans cette ambiance feutrée qui mêle parfums de fleurs blanches et lumière ambrée.
“Bonsoir… Vous avez réservé avec Sonja ?”
La voix venait de derrière le comptoir.
Je me suis retourné, et j’ai découvert Sonja, robe noire, regard clair, sourire précis.
Photographe de métier, j’ai tout de suite remarqué sa manière de bouger. Chaque geste semblait pensé, mesuré, presque chorégraphié.
Elle m’a conduit jusqu’à la salle du fond.
Les rideaux de velours filtraient la lumière, la musique était douce.
Elle m’a proposé de m’allonger, puis a effleuré mes épaules du bout des doigts — comme si elle cadrillait un cliché avant de déclencher.
— Vous êtes photographe ?
— Oui, ai-je répondu.
— Alors laissez-moi vous montrer ce qu’on ne capture pas avec un appareil.
Elle a souri.
Ses mains ont glissé lentement le long de mon dos, décrivant des cercles précis, comme des gestes de pinceau sur une toile.
Je sentais chaque mouvement résonner jusque dans ma respiration.
Elle s’est approchée de mon oreille, et a soufflé :
— Vous aimez regarder, non ?
J’ai hoché la tête, incapable de parler.
Alors, sans un mot de plus, elle a fait glisser le drap, révélant sa silhouette dans la lumière douce.
Rien de brutal. Juste cette beauté tranquille, celle qui ne cherche pas à séduire — elle est la séduction.
Le massage est devenu plus lent, plus intime.
Je n’étais plus spectateur, mais modèle.
Chaque geste semblait me redessiner.
Quand elle a effleuré mes lèvres du bout des doigts, le temps s’est suspendu.
Puis, d’une voix calme, elle m’a murmuré :
— Fermez les yeux… et imaginez que vous prenez la photo.
Je l’ai fait.
Et dans ma tête, la scène était parfaite : la lumière, les ombres, sa peau, son souffle.
Un instant figé dans ma mémoire.
Depuis ce soir-là, je reviens presque chaque semaine.
Toujours un jeudi.
Parfois pour Sonja. Parfois pour une autre.
Mais toujours pour ce moment suspendu entre réalité et fantasme.